Pourquoi j’ai inventé ce calendrier ?

Vautré dans mon canapé, je regardais les actualités de 20 h à la télé.

20 h 45, sur une grande chaîne de télévision française, fin de la météo : « Demain, vous fêterez les Crépins. ».

Il y a quelques minutes s’achevait le journal télévisé. Pour ce JT, des équipes, des talents, des moyens considérables ont été mobilisés et une compétition féroce s’est exercée dans le seul but de nous délivrer « l’information de dernière minute ». Des sondeurs, des experts et des spécialistes ont mis tout en oeuvre pour tenter de prévoir l’information de demain. Des journalistes ont consacré leur talent à nous présenter les techniques les plus révolutionnaires, les tendances les plus récentes, à peine émergentes… Et là, l’info du moment, c’est que demain, c’est la Saint-Crépin !

Dans quelques minutes, des adolescents participant à des programmes de télé-réalité, des acteurs de séries américaines ou des joueurs de foot vont permettre à des millions de jeunes de s’identifier à Nolwenn, Houcine, Steevy, Loana, Zinédine, Jenifer, Paloma ou Kevin…  et c’est à Crépin que le calendrier en usage actuellement dans la société française me suggère d’envoyer un SMS pour lui souhaiter sa fête. Mais Crépin a-t-il un téléphone portable ?

Quel décalage, quel DEPHASAGE ! entre une « institution » – LE calendrier – et la réalité de la vie quotidienne !

D’accord, la tradition a du bon. Le calendrier est un des rares exemples de stabilité à toute épreuve dans ce monde en total chamboulement ! OK, ne jetons pas au feu tous nos repères. Mais tout de même, ne serait-il pas temps de dépoussiérer le calendrier traditionnel ? Combien reste-t-il en France d’Honorat, de Pamphile, de Symphorien et de Jacquette ?

Une rapide consultation des statistiques Insee confirme notre intuition : la MOITIÉ des MOINS DE 25 ANS porte dorénavant un prénom qui ne figure pas au répertoire des fêtes à souhaiter d’un agenda standard. Le calendrier courant est devenu obsolète, « has been ». Il est hors du temps, hors de son temps : un comble, pour un calen­drier !

Je vais en parler au responsable ! Mais quel responsable ? Qui a la charge du calen­drier et de sa mise à jour ? Y a-t-il un Grand Maître du calendrier, une institution, un organisme dépositaire, un gardien du tableau des jours de l’année et des fêtes à sou­haiter, un ayant droit ? NON.

Entre l’Église qui a inscrit ses saints au XVIe siècle, les pouvoirs publics qui ont renoncé depuis longtemps à publier un répertoire des prénoms autorisés (Napoléon s’y était essayé) et se contentent dorénavant d’enregistrer sur les registres de l’état civil les prénoms choisis par les parents, et les éditeurs qui livrent chaque année leur version du calendrier-agenda coutumier, on se demande qui a la charge, la respon­sabilité, de mettre à jour le calendrier afin qu’il reste dans son temps ? Personne !

Nous avons donc pris l’initiative de créer un calendrier contemporain, civil, laïque, profane, multiculturel, représentatif de la société française actuelle. Républicain.

De quel droit ? Du droit légitime de vivre avec son temps, du droit d’être quelque peu frondeur – comme le sont les moins de 25 ans -, un peu iconoclaste, du droit d’être lucide, réactif, créatif et entreprenant, du droit de « dépoussiérer les vieilles lunes » et de revendiquer un peu de modernité dans l’outil le plus quotidien et le plus universel, du droit de se mobiliser pour que TOUS nos jeunes compatriotes aient LEUR jour de fête ! Afin de faire survivre et relancer (merci les SMS !) une bonne vieille tradition, une coutume bien agréable, ami lecteur, celle de te souhaiter bonne fête.

Pourquoi maintenant ? Parce que le fossé entre le calendrier et l’état civil s’accroît chaque jour et parce que l’époque s’y prête : porter un prénom qui a été « institution­nalisé », « officialisé » dans un nouveau répertoire des prénoms contemporains ne peut que servir le légitime besoin de reconnaissance, d’intégration dans notre société multiculturelle de tous ces jeunes auxquels, depuis deux générations, les parents ont donné des prénoms ne figurant pas dans le calendrier traditionnel.

Nous, Syndicat des Fêtes, sommes désormais le dépositaire mondial du calendrier des prénoms

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